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a race car driving on a race track » Tout change avec le temps, la religion, la philosophie, le goût, les mœurs, la morale ; la nature seule ne change pas. » Aussi n’y a-t-il d’écrivain réellement immortel, c’est-à-dire toujours jeune, nouveau et pouvant être goûté par les générations à venir que celui qui peint fort peu son temps et qui, au lieu de rendre le goût, la manière de penser, la forme de sentiment, la morale d’une certaine époque, ne reproduit que la nature éternelle et surtout la nature humaine. La morale madame Teschenberg courut chez la morale madame Rosenzweig ; le loyal M. Rosenzweig courut chez le loyal ministre Kronstein ; le pieux père Hasfége s’entretint au confessionnal avec Sa Majesté de la pièce d’Andor ; dix-sept écrivains honnêtes et presque deux fois autant de critiques probes firent sonner haut les lois esthétiques et le rôle moralisateur du théâtre. » Ces écrivains qui améliorent la nature sont assez souvent respectés par la postérité ; mais, en y regardant de près, ils ne laissent que des noms que l’on connaît, que l’on honore ; leurs œuvres ne vivent pas et seraient bien vite oubliées si on ne les conservait pas comme des momies littéraires dans les bibliothèques et les recueils de littérature.


Pour les théâtres de la cour, il y a toujours cent bonnes raisons politiques, religieuses, sociales et personnelles qui, au détriment de notre scène et de la littérature allemande, rendent impossible la représentation d’une pièce vraiment originale et hardie. Je connais un théâtre de la ville dont le régisseur a un chiffre déterminé, un autre théâtre où les écrivains les plus estimés doivent céder un tant pour cent à une personnalité qui domine complétement le directeur âgé, afin que leurs pièces ne disparaissent pas immédiatement du répertoire. C’est à cause de cela que tout récemment chez nous, en Allemagne, un de ces écrivains populaires que les poëtes académiques déprécient volontiers, a obtenu des succès comme ces mêmes poëtes n’en avaient jamais rêvé. » Vous remarquerez par contre que tous les écrivains qui ne sont pas naturels et par conséquent pas véritablement grands sont toujours affublés extérieurement d’une draperie prétendue humaine, bien qu’elle ne soit ni française, ni anglaise, ni allemande ou russe, et qu’au fond elle ne dépasse pas l’horizon de leur époque en hauteur de vue, en force de sentiment. En tout temps, le travail de Prométhée a été un travail de Prométhée, et pourtant aucun écrivain n’a peint les Anglais comme Shakespeare, les Espagnols comme Cervantes, les Français comme Molière ; jamais la vie allemande n’a été rendue sous des couleurs aussi vraies que celles de Gœthe, et Achille est un Grec pris sur le vif comme les personnages du Réviseur de Gogol sont essentiellement russes.

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En suivant la route tracée par les Français avec leurs drames sociaux, nous pouvons ramener les spectateurs au théâtre et parvenir à faire des œuvres tout à fait dramatiques répondant à notre goût ainsi qu’à notre genre de vie actuel. Nous avons ajouté une autre sauce à base de fond de volaille, crème fraîche et tartufata. Vint la soirée où Andor un peu honteux prit place à la table supportant une grande lampe et fit la lecture de sa « Messaline » d’une voix d’abord faible, comprimée, puis de plus en plus forte, animée. Un hasard était favorable à Andor. Andor et son oncle le capitaine revinrent chez eux passablement absorbés après la lecture de la Messaline. En outre de Wiepert, de sa femme et de Riva, il y avait le capitaine Gerling, qui frisait sa moustache nonchalamment. C’était une impératrice romaine, se dit-il à lui-même, une femme des plus piquantes. Nos poëtes allemands ont beau chercher, inventer, ils n’ont aucun succès auprès de ce même public qui encombre les théâtres quand on donne Fernande ou la Femme de Claude, et se soucie fort peu des hypocrites pharisiens littéraires tonnant contre les comédies françaises.


À peine le sujet de la tragédie était-il connu, discuté dans les salons de la ville, que les pharisiens de toute nuance commencèrent leurs gémissements. » Pour les théâtres de la ville, ce sont les considérations de caisse qui l’emportent ; mais il ne manque pas de régisseurs et d’autres personnes influentes qui n’ouvrent les portes de leur temple des Muses qu’aux auteurs qui se transforment en pluie d’or. Les intendants sont généralement aimables ; le manque d’amabilité, ils le laissent à leurs inférieurs qui s’attirent ainsi la haine des acteurs et des auteurs. Le docteur, le régisseur, ainsi que deux acteurs renommés du théâtre de la cour lurent la pièce et furent aussi étonnés que satisfaits de sa réception. Pourtant, le lendemain, le docteur mettait son habit et se rendait chez l’intendant du théâtre de la cour auquel il tendait sa pièce. La nouvelle le surexcita à un tel point qu’il prit son chapeau et sortit de la ville pour respirer plus librement.